L’église Saint-Médard d’Attichy

L’église a été bâtie en pierre calcaire du pays sur un terrain en pente de l’ouest vers l’est et du sud vers le nord.

Style d’architecture de différentes époques : un style roman du XIème suivi au XVIème d’un agrandissement à caractère gothique.

Aujourd’hui, les dimensions de l’église sont : 35m35 de longueur, 21m25 de largeur et de 12m50 de hauteur de voûte.

Historique

Appartenant autrefois au diocèse de Soissons, elle fait partie aujourd’hui du diocèse de Beauvais.

La première mention de l’église paroissiale d’Attichy remonterait à 1119 sous le règne de Louis VI.

Bien avant sous le règne de Clovis roi de Soissons, son fils aîné Clotaire 1er (492-561), mérovingien, ordonna que le corps de Saint Médard (456-545) soit transporté (translation) solennellement par le clergé de Noyon où il était évêque à Soissons.

En 545, son corps passa la rivière Aisne à un gué situé en amont d’Attichy à un lieu-dit le port à bateau situé en bas de la rue du Val où l’attendait sur l’autre rive le clergé de Soissons qui mena son corps jusqu’à l’abbaye St Médard à Soissons.

Le village garda une grande dévotion à Saint Médard et c’est à ce souvenir que doit remonter le patronage de Saint Médard à l’église d’Attichy.

Au XIIème siècle, la construction de l’église a probablement été réalisée grâce à la contribution de la puissante famille de Montmorency seigneur d’Attichy.

Plus tard au XVIème siècle, exactement en 1562, un agrandissement de l’église toucha la nef, les 2 murs latéraux de la nef. Un grand toit recouvrit l’ensemble de la nef et les cotés latéraux ce qui facilita l’écoulement des eaux pluviales mais rendit invisible les décors romans des sablières des murs nord et sud de la nef (modillons et baies romanes)

Une fois la nef agrandie, le transept, le chœur et le chevet sont également agrandis et de grandes baies à meneaux seront percées dans les grands pignons nord et sud pour donner plus luminosité.

Dans le même but de corriger le manque de luminosité dans la nef, l’architecte de l’époque a agrandi considérablement les arcades des 2 murs de la nef en amincissant les piliers et en agrandissant les arcs entre ces piliers.

Les piliers sud de la nef sont cylindriques alors que ceux du coté nord sont ondulés ou galbés ce qui permet de supposer que l’agrandissement de la nef et des deux bas-côtés a été réalisé à deux périodes différentes, le côté nord peut-être une dizaine d’année après le côté sud.

Dans la même période, au croisement de la nef et du transept, quatre gros piliers furent élevés pour soutenir le clocher ayant une toiture à deux pentes dit en bâtière.

Aujourd’hui, on peut remarquer sur les pierres de la grande arcade qui sépare la nef et le transept des traces d’usure produites par les cordes qui servaient à faire sonner les cloches.

Les 6 clés de voûte située dans le transept sont joliment sculptées en forme de couronne.

Le 21 janvier 1735, l’un de ces gros piliers s’effondra en entrainant la chute du clocher causant d’importants dégâts sur le côté latéral sud et sur la nef.

Pour la construction du nouveau clocher, on décida de construire un clocher tour assez massif situé devant le porche de l’église. La fin des travaux eut lieu en 1738.

Dans sa chute, la plus grosse des 4 cloches se brisa, une nouvelle fut fondue et remise en place dans le nouveau clocher en 1767.

A la révolution en 1793, par décret de la convention nationale, les clochers des paroisses ne devaient posséder qu’une seule cloche, les 3 plus petites cloches furent descendues et fondues.

Cette cloche subsista jusqu’au 14 mars 1875, époque où elle fut brisée par accident.

Toujours en 1793, un mur intérieur sépara le chœur du reste de l’église, une partie était consacrée au culte et l’autre transformée en salle de réunion, de bal (temple de la raison et de la liberté). Ce mur sera détruit quelques années plus tard.

En 1831, la municipalité désireuse d’élargir la rue de l’Équipée aujourd’hui la rue du Commerce tronqua une partie de l’abside qui faisait office de sacristie.

En 1861, une nouvelle petite cloche fut installée dans le clocher et en 1875 une beaucoup plus imposante de plus de 1200 kg nommée Marie-Charlotte et Stéphanie a été baptisée par M. Lefevre curé d’Attichy sous l’administration de MM. Weber et Cave adjoint au maire.

Toutes les deux sonnent depuis ces dates, les heures et les différents offices religieux.

Pendant les deux guerres mondiales, les vitraux furent détruits. Ils ont été rapidement remplacés par du verre cathédral.

En 1959, les dommages de guerre permirent de restaurer seulement les vitraux du chœur.

La restauration fut confiée à Pierre Pasquier, maître verrier à Amiens avec la technique de peinture sur verre passée au four, sur un carton de Gérard Ansart. Le style de l’ensemble se situe entre art nouveau et art déco.

Sur les trois grandes baies à meneaux du chœur trois thèmes sont représentés.

Le vitrail côté nord au-dessus de l’autel de la vierge nous relate la vie de la vierge.

Le vitrail au-dessus du maître autel a comme thème Saint Médard.

Le troisième côté nord du chœur a rapport au Christ.

Plus récemment en 2007, l’église fut fermée, le mur du bas- côté sud menaçait de s’effondrer sur la rue Weber.

La commune réalisa d’importants travaux de consolidation des murs des bas-côtés sud et nord. L’ensemble charpente et couverture de la nef et des 2 bas-côtés ont été totalement restaurées à l’identique mais en redonnant la possibilité de revoir les décors romans des corniches et des sablières des murs sud et nord de la nef cachés depuis le XVIème siècle.

Sur le plafond du bas-côté sud et juste avant le transept, la restauration de 2007-2011 montre sur une petite surface un rappel du plafond lambrissé qui a caché les petites baies romanes et les modillons vers 1562. Ces travaux durèrent 4 ans et en 2011 l’église fut de nouveau ouverte au culte religieux.

En 2017, c’est la toiture du chœur qui a été également restaurée.

A l’intérieur de l’églisE

La série de modillons

Sur la corniche du mur nord de la nef, la série de modillons est assez naïve et assez grossière, présence d’animaux et de sculptures géométriques.

Sur la corniche du mur sud de la nef, la série est plus riche avec beaucoup de personnages aux postures grotesques et parfois obscènes, les petites baies romanes possèdent des colonnettes à chapiteaux qui n’existent pas au nord.

Les différences entre les 2 décors peuvent-être dues, soit à un écart de date de construction, le mur nord et son décor aurait été construit vers 1100 celui du sud vers 1110, soit par la présence de la rue côté sud donc plus facilement visibles et regardés.

Les pierres funéraires gravées

A gauche de la petite porte latérale côté sud, une pierre gravée datant d’août 1579 représente un squelette drapé dans un linceul, un cercueil à l’épaule et une bêche à la main. Selon Graves cette pierre se trouvait jadis à l’entrée du cimetière qui entourait l’église au XVIIIème.

Encore plus ancienne est la pierre gravée placée sous le clocher à droite de l’ancien porche et contre le mur, vieille de près de 6 siècles c’est la pierre tombale d’Antoine de Lanvin Seigneur de Cuts.

On peut aussi admirer au transept nord aujourd’hui derrière l’orgue la belle pierre tombale du petit neveu d’Antoine de Lanvin Jean de Mazancourt seigneur d’Attichy (en partie) de Jaulzy et de Vivières et du Plessier Chastelin.

De retour sous le porche à gauche en rentrant, une grande pierre et une petite concernent un nommé Nicolas de Coquane, marchand et laboureur mort en 1573.

Toujours sous le porche immédiatement à gauche de la porte, une belle dalle en ardoise évoque les fondations faites en 1697, par Antoine Bourré, bourgeois de Paris et de son épouse Geneviève Lemaire.

Sur le côté sud du porche en rentrant on remarque la grande pierre tombale d’un vétéran des campagnes napoléoniennes et de son épouse.

On peut également voir au-dessus de cette pierre tombale deux bouquets provinciaux souvenirs de deux parades organisées par la compagnie d’arc d’Attichy en 1887 et en 1953.

Près des fonds baptismaux en marbre sur le sol se trouve une grande pierre tombale du prêtre Jacques Faciot décédé à l’âge de de 60 ans en 1760.

On peut aussi voir à l’extrémité nord du transept une petite extension de l’église qui abritait une chapelle nommée chapelle Saint Nicolas. Aujourd’hui on nomme ce lieu l’enfeu.

Dans cette chapelle le 4 octobre 1790 a été placé le cœur de la princesse de Salm, duchesse de la Trémoille décédée en exil à Nice. Elle avait demandé que son cœur soit ramené à Attichy sa résidence favorite où elle a été bienfaitrice. On peut remarquer sur le mur de cet endroit un martelage réalisé en 1793 afin d’effacer tout rapport avec la royauté.

Le christ en croix situé près de la porte d’entrée de cette chapelle était suspendu comme poutre de gloire entre les 2 gros piliers est de l’ancien clocher.

Au sol, toujours sur la partie gauche du transept se trouve la pierre tombale de Charles, Achille, Hyacinthe, marquis de l’Ange, Chevalier de Saint Louis et colonel de cavalerie décédé a 36 ans le 24 septembre 1776 au château d’Attichy.

Cette pierre tombale a aussi été martelée à la révolution.

Enfin, deux autres sujets d’intérêt concernent les statues et les tableaux.

Les Statues

Sur les murs du bas-côté nord, on peut voir 2 statues.

La première, peu connu représente Saint Agapit de Palestina martyr à 15 ans près de Rome au 12ème siècle. Il existait un autel où on l’invoquait en faveur des enfants malades.

La deuxième représente Saint Sébastien, patron des archers.

A droite de la porte d’entrée de l’enfeu posée sur une petite colonne, une piéta en plâtre moulurée (signée Sanson 1869).

Au- dessus de cette porte, une statue du Christ ressuscité (18èmé) dominant la terre.

La statue de Saint Médard qui était très populaire comme guérisseur des maux de dents et surtout dispensateur de la pluie, se trouve aujourd’hui tout près derrière l’orgue.

A gauche du chœur, une statue du Sacré Chœur de Jésus récemment restaurée.

Au-dessus on aperçoit la statue de Saint Adrien de Nicodémie que l’on invoquait contre la peste, daterait de la première moitié du XVII siècle.

A droite du chœur une autre statue de Saint Sébastien également datée du XVII siècle.

Plus à droite la statue de la Vierge et l’autel serait du XIX siècle

Sur le mur sud du transept la statue de Jeanne d’Arc est placée entre les statues de la Vierge est de Saint Louis.

Enfin la statue de Saint Antoine est placée près de la petite porte côté nord.

Les tableaux

Le tableau placé aujourd’hui près de l’enfeu est intitulé « La fuite en Egypte » de Georges Castex. ((daté de 1891 est inscrit)

Le tableau derrière le Maître Autel dans la partie centrale du rétable est une copie de la remise des clés du paradis à Saint Pierre de Philippe de Champaigne, l’original se trouve à la cathédrale de Soissons.

Sur la face principale du Maître Autel on peut voir la représentation du repas de Jésus aves les 2 compagnons d’Emmaüs. Daté vers XVIIIème siècle. Il est le seul meuble de l’église qui n’a pas été vendu à la révolution en 1893 sous le régime de la terreur.

Le tableau situé à gauche du chœur représente le baptême du Christ (Daté courant 19ème)

Le dernier tableau visible dans l’église se trouve dans la partie sud du transept, il représente Saint Nicolas et les enfants (daté 19ème).

Les tableaux des 14 stations du Chemin de Croix sont très colorées et datent du 19ème siècle. Ils semblent être faits de stuc et de staff moulés. On observera que la VIème station a été endommagée par des éclats d’obus de la deuxième guerre mondiale.

Sources

“Les Fonds de Léré”, Rémy Hébert et André Desobeaux, Mémoires d’Attichy et de son canton, Bulletin n°7, Graves, BNF Gallica, Jean Béreux.